Orientation scolaire et professionnelle ?
Thérèse Delhaye
Anonyme
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L'hypnose possède plusieurs avantages dans le domaine du soin et de la santé. En premier lieu, elle rend le contrôle au patient. On a souvent l'image du patient inconscient ou presque qui est dans l'attente des recettes et des "ordres" du thérapeute ; la réalité est différente. Loin de l'image de ce "deus ex machina" qui appliquerait des formules magiques, le thérapeute est là pour accompagner et donner des impulsions, il facilite le travail mais ne l'impose pas, il est là pour suggérer, proposer, et le patient décide et prend ce qui lui convient, ce qui est "juste" pour lui.
Rien de mystique donc, le thérapeute se sert de ce qu'il a à sa portée, partant du principe que les ressources se trouvent là, dans le corps et l'esprit du patient ; la personne s'aide donc elle-même. "Il y a un lieu, en vous, où vous êtes bien, où vous êtes vous-mêmes, où vous pouvez vous ressourcer, mais vous avez perdu le chemin... Je vous propose de vous aider à le retrouver." (Bioy, Celestin-Lhopiteau, p. 206)
C'est le deuxième avantage : l'hypnothérapeute ne s'attache pas aux côtés pathologiques mais va travailler avec la "partie saine". "Les ressources se trouvent en vous" martèle-t-on sans relâche au patient. Cela n'a l'air de rien mais ce simple fait en apparence peut être un puissant vecteur de changement ; en effet, les patients qui viennent nous trouver sont souvent enfermés dans une sorte de fatalisme en ce qui concerne leurs problèmes. Ils portent leurs histoires, leurs maux comme des fardeaux de longue date auxquels ils feraient mieux de s' habituer. L'hypnose est là pour instiller des bulles d'air dans ce processus d'enfermement dans la douleur psychique ou physique autour duquel se structure le patient. Antoine Bioy, responsable scientifique de l'Institut Français d'Hypnose, évoque ce point notamment au sujet des douleurs chroniques. Les patients souffrant de douleurs chroniques finissent par subir en continu car ils perdent le contrôle entre la peur, l'anticipation de la douleur qui va advenir, la douleur effectivement ressentie et le souvenir de la douleur passée : tout devient douleur. L'idée est de sortir de ce schéma en supprimant l'anticipation et le souvenir afin de ne plus s'identifier à "un être de douleur" mais à un quelqu'un qui, de temps en temps, a mal. Le changement est imperceptible mais il est bien là, dans la nouvelle perception de la douleur physique ou psychique, et cela nous amène au troisième point.
Le troisième avantage est constitué par le changement de perception sur soi et sa relation avec le monde extérieur. L'hypnose permet non seulement une mise à distance de certaines situations ou événement douloureux mais va également permettre par ce biais de s'observer différemment. L'hypnothérapeute aide à revenir à la perception première des choses, avant toutes les émotions et les interprétations douloureuses et culpabilisantes que cette perception amène avec elle, au fil du temps et de la répétition. Très souvent, ce travail amène une nouvelle conclusion, et l'émotion qui survient est accueillie, reconnue et pas bloquée ou culpabilisante. Un travail de mise à distance se fait immanquablement et la personne peut s'entrevoir différemment. Les personnes ayant vécu un traumatisme psychique, par exemple, sont dans une sorte de "figement" par rapport à une situation vécue sur un mode traumatique. Un traumatisme est une "émotion violente qui modifie de façon permanente la personnalité d'un sujet en le sensibilisant, souvent à son insu, à des émotions ultérieures analogues". (Bioy, Celestin-Lhopiteau, p. 264)L'événement n'étant pas digéré, car associé à une perte de sens, il reste toxique et agit dans le présent. Il inscrit une empreinte mémorielle et détermine les perceptions futures que la personne aura ; il s'inscrit donc dans le temps et induit un fonctionnement. Via l'hypnose, en retournant à la perception première, le patient va pouvoir remettre du mouvement et du sens, poursuivre une action interrompue et ainsi digérer l'événement via une mise à distance. "C'était normal et logique de me sentir comme ça à ce moment là." Ce soulagement va être travaillé via les 5 sens notamment. "Comment perçoit-on ce corps sans angoisse, apaisé ? Où se situent les sensations agréables déployées par la confiance ?" Le patient peut alors apprendre à reconnaître les sensations agréables qui traduisent des émotions plus positives, il peut jouer avec, les faire grandir pour obtenir plus de confort. C'est là précisément pour moi que se situe la voie du changement. Tout comme le traumatisme avait figé l'individu et induit des perceptions futures douloureuses, la perception d'un corps apaisé amène à l'esprit de la sérénité et même de la joie. Toutes ces émotions vont elles aussi inscrire de nouvelles manières d'entrevoir le futur pour le patient.
Un quatrième avantage à l'hypnose est que la thérapie passe par un autre biais que la parole. C'est important pour deux choses. D'abord, le traumatisme inscrivant une empreinte mémorielle, en parler va très souvent réactiver les sensations et émotions à l'identique, sans que l'effet du temps n'atténue les choses. Pour les douleurs c'est pareil, parler de ses migraines, par exemple, fait venir la peur de la migraine et entraîne des sensations désagréables. L'hypnose va permettre au patient de travailler les émotions et les situations sans tout raconter. Puisqu'on est dans les perceptions, ce n'est pas le langage qui est primordial, c'est le ressenti. Ensuite, on évite ce que Gaston Brosseau nomme "le voyeurisme psychique". L'hypnothérapeute n'a pas besoin de tout savoir pour travailler avec le patient. cela peut être précieux pour certains qui arrivent chez l'hypnothérapeute après avoir tenté diverses approches plus classiques. Il ne doivent pas "encore tout recommencer". De nouveau, on agit sur des ressentis, des perceptions et le cerveau travaille à sa manière. Il est fréquent de signaler pendant la séance au patient que même s'il n'entend pas et ne visualise pas tout ce que le thérapeute propose, le cerveau fait le tri et prend ce qui lui convient ; parfois le travail se fera uniquement par le biais de ressentis. Cela nous amène au dernier point en guise de conclusion, l'hypnothérapeute pourrait avoir comme première qualité l'humilité. En effet, personne ne peut savoir à la place du patient ce qui est juste pour lui, et le thérapeute est là pour permettre au patient de s'autoriser, d'oser ce qu'il pense être bon pour lui. On travaille sans jugement avec les références et l'imagination du patient. De même, on travaille avec son canal sensoriel préférentiel ; tout le monde ne doit pas savoir visualiser parfaitement pour faire une thérapie par l'hypnose. Bref, tout ce qui est bon pour le patient est bon pour le thérapeute.
C'est dans ce sens qu'agit la première induction de Gaston Brosseau qui consiste en "ne rien faire", ce qui sous-entend se libérer des contraintes et éliminer la crainte de l'échec en ne se fixant pas d'objectifs précis. Il "suffit" ici de se libérer des modes de contrôle et de direction habituels. De ne plus être dans l'attente mais de simplement accueillir ce qui vient, de laisser agir la créativité inconsciente du patient, capacité dont il se sentait dépourvu depuis longtemps. (Brosseau, p. 48) La dernière suggestion de cette induction est formulée sous la forme d'une question "Dans quel état d'esprit voulez-vous vous réveiller ?" Pour certains, c'est l'opportunité de se retrouver architecte de sa vie en ouvrant la voie à des solutions insoupçonnées et en faisant appel à un état non prédéfini auquel il n'oserait pas avoir accès dans le conscient. "Ne rien faire" permet également, selon les neurosciences, d'activer des zones spécifiques de notre cerveau utiles à nos capacités d'introspection, d'empathie et de créativité ; qualités importantes pour travailler en hypnose.
Pour terminer, l'hypnose participe à des processus utilisés de longue date, elle agit un peu à la manière dont la méditation ou la prière étaient utilisées dans des périodes plus reculées. A ce sujet, j'invite ceux qui le souhaitent à lire l'excellent "Les pouvoirs de l'esprit sur le corps" de Patrick Clervoy (Odile Jacob) ou encore à parcourir les articles de Santé, Science&Conscience (septembre 2018) "Le placebo c'est vous!" où il est clairement expliqué comment l'homme s'est toujours soigné "par la pensée"...
Sources :
Brosseau, G. (2018). L'hypnose une réinitialisation de nos cinq sens, Interéditions.
Bioy, A., Célestin-Lhopiteau, I. (2014), Hypnoanalgésie et hypnosédation, Dunod.
Bioy, A., Célestin-Lhopiteau, I. (2014). Hypnothérapie et hypnose médicale, Dunod.
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