Les récits de vie : des outils en orientation et en insertion socioprofessionnelle

Anonyme

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  • Mobilité, flexibilité, restructurations, mises au chômage forcées, plans de fin de carrière…le monde du travail est bousculé.
  • Choix de filières, possibilités de carrières, nouveaux métiers émergeants…les jeunes sont parfois déboussolés devant tous ces questionnements.

    « Réussir son insertion », c’est à la fois l’injonction des pouvoirs publics, et c’est aussi le vœu le plus cher de chacun d’entre nous. Jusque-là, tout le monde s’accorde… Mais dans la pratique, c’est tout autre chose.

Mais qu’entend-on par : réussir son insertion ?

S’agit-il de s’engager le plus rapidement dans une voie prometteuse c’est-à-dire une filière porteuse (d’emplois) ? De renforcer son employabilité à force de formations ?
Ou s’agit-il d’être la bonne personne à la bonne place ?

Encore faut-il s’entendre sur cette suggestion…

Qui d’autre que le demandeur d’emploi lui-même peut juger s’il est cette bonne personne à « sa » bonne place ?

Oui, mais comment en être certain ? Est-il suffisamment équipé, outillé pour statuer ?

Afin d’orienter son choix – et de confirmer son orientation socioprofessionnelle – la personne doit avant tout « bien se connaître ».

Etre à l’écoute du contexte du marché de l’emploi, mais avant tout à l’écoute de ses propres désirs, de ses attentes. Si ce n’est pas le cas, elle risque tôt ou tard de s’interroger sur ses choix, se remettre en question, voire se décourager, se démotiver et développer un mal-être qui peut s’avérer paralysant pour elle-même et causer des dégâts dans son environnement professionnel.

Mettre le doigt sur ses forces, ses faiblesses, découvrir ses besoins et renforcer ses compétences, faire le récit de son parcours scolaire et professionnel, élargir l’éventail des métiers possibles, en meilleure adéquation avec ses traits de personnalité, voilà ce que propose la démarche biographique en orientation professionnelle.

Les récits de vie, outils pluridisciplinaires utilisés par des historiens, des sociologues, ethnologues, anthropologues, psychologues, psychanalystes,…mais aussi par des travailleurs sociaux, éducateurs, et pourquoi pas par des conseillers en insertion, en orientation ?

Que se passe-t-il lors de ce processus d’orientation ?

Le bénéficiaire – ou le consultant – effectue un travail de meilleure compréhension de soi-même, il renforce son estime et sa confiance en soi et opère une réappropriation de son pouvoir de (trans-)formation, une « reprise en main de soi-même ».

En effet, la « co-construction », l’apport réflexif et la recherche de sens et de cohérence avec l’intervenant, permet la « distanciation », c’est-à-dire la mise en perspective ou la prise de recul vis-à-vis de son propre parcours.

Qu’est-ce que co-construire ?

C’est tout autre chose que de guider, prescrire, désigner des directions à suivre.

C’est avoir une écoute bienveillante, « résonner », c’est-à-dire entrer en écho avec le récit de la personne, rentrer dans sa logique, opérer des liens, formuler des hypothèses.

Il s’agit d’une recherche de cohérence de son propre parcours, « un peu comme un instrument désaccordé qui retrouve sa juste résonance ».

Il est vrai que ce travail d’orientation peut être long et demande un investissement conséquent.

Mais que coûte ce travail à côté de la prise en charge des coûts liés à l’échec scolaire, des erreurs de parcours et de leurs conséquences psycho-sociales ?

« L’orientation consiste à permettre à l’individu de se mettre en capacité de prendre conscience de ses caractéristiques personnelles et de les développer en vue du choix de ses études, de ses formations, et de ses activités professionnelles, dans toutes les conjonctures de son existence, avec le souci conjoint du devenir collectif solidaire et de l’épanouissement de sa personnalité et de sa responsabilité ».

Conseil de l’éducation et de la formation, 2001.

Quelques précautions…

L’individu a-t-il toujours les moyens de se mettre en capacité de prendre conscience de ses caractéristiques personnelles, de les développer, etc. ?

Afin de faire un travail d’orientation avec le récit de vie, il s’agit pour la personne :

  • d’avoir la capacité de prendre un recul suffisant sur sa propre trajectoire
  • de pouvoir parler d’elle-même à une personne « extérieure », de pouvoir « déposer son histoire », en toute confiance et en évitant la dévalorisation de soi
  • d’éviter d’être dans des comportements d’urgence, d’attente de réponses toutes faites, et d’être prête à chercher avec l’interlocuteur, à s’impliquer de manière franche et authentique

    Tous les publics sont-ils concernés ? Moyennant ces conditions, jeunes, adultes, (pré)-pensionnés, personnes à haut potentiel, personnes marginalisées, etc. sont en mesure de prendre leur avenir en main dans une perspective volontariste et ‘autonomisante’.

    S’arrêter sur soi, mieux se comprendre pour mieux s’orienter, c’est un bon moyen d’éviter de cheminer toute notre carrière à côté de nous-mêmes.

    Bibliographie :
    -Pour une approche biographique en orientation, sous la direction de Ginette Francequin, Septembre Editeur, 2004
    -Récit de vie, Des pratiques qui se racontent, Réseau Belge Francophone des Praticiens en Histoire de Vie, Editions Traces de vie, 2009

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